Quel est ce bien si précieux qui peut placer enfants et parents dans un état de détresse dès qu’il disparaît ? Quel est donc cet objet doté d’autant de pouvoirs? Cela peut être un morceau de tissu, une peluche, un lange, ou encore une couverture, un objet que l’enfant va investir de manière particulière….le doudou ! Il fait presque l’unanimité auprès des parents et accompagne de nombreux jeunes enfants, c’est ainsi que lors des moments de séparation, le doudou permettrait aux enfants de mieux surmonter les situations génératrices d’angoisse. Cet objet très intime, symbolise le lien avec sa mère et l’aide à passer du « connu à l’inconnu ». Un objet intime, un petit bout de « soi ».
Doudou, d’où viens-tu ?
Le doudou, appelé aussi objet transitionnel, peut être de tout ordre. Plus qu’un objet, il s’accompagne bien souvent de rituels, tels que des gestes répétitifs de l’enfant, comme par exemple celui de se toucher le bout du nez…
Il n’en existe pas de bon ou de mauvais, mais il doit pouvoir remplir une double fonction :
- celle de lui permettre d’arriver à appréhender la découverte qu’il fera de se sentir un individu distinct de sa mère,
- et celle qui permettra à l’enfant de pouvoir explorer son environnement malgré la distance ou l’absence de son parent.
Le bébé sera passionnément attaché à cet objet, qu’il aura investi affectivement, l’aidant ainsi à supporter l’angoisse de séparation d’avec sa mère, en gardant celle-ci symboliquement présente. Le doudou va aider l’enfant à surmonter la séparation qui le mènera ensuite vers la voie de l’individuation.
À partir de quel âge?
C’est autour de l’âge de 3 mois que le bébé, ayant acquis la capacité d’attraper les objets, pourra se saisir du doudou ou du tissu. Dès 4 mois, moment où le bébé va se détourner de son corps propre pour investir un objet extérieur, il va pouvoir choisir un objet transitionnel. Avant cela, le bébé est persuadé que sa mère fait partie de lui, et se trouve dans une dépendance totale. Pour lui, ils ne font qu’un.
Puis, c’est entre 4 et 6 mois qu’il se rendra compte que sa mère et lui sont deux personnes distinctes, prenant ainsi la mesure de la séparation. Pour pallier à cette absence, le bébé va élire un objet de substitution.
Le doudou occupe ainsi l’espace, la distance laissée entre la mère et le bébé, dans le psychisme du tout-petit.
C’est en s’appuyant sur l’idée que son parent reviendra que l’enfant peut investir cet objet transitionnel.
Si certains spécialistes avancent que l’objet transitionnel fait son apparition autour de l’âge de 8 mois, il est difficile de déterminer un moment où l’enfant ferait usage de son doudou comme d’un objet transitionnel. Ainsi le doudou peut faire son apparition plus tôt dès l’âge de 3 mois. Proposons lui alors dès cet âge et chaque bébé choisira l’usage qu’il veut en faire!
C’est vers 6 mois que le bébé prend conscience de la véritable séparation, la prise de conscience de soi, réalisant qu’il est différent de sa mère. C’est aussi à ce moment là que la séparation deviendra plus difficile pour lui. Cet objet va lui permettre de supporter la séparation et d’en stopper les effets négatifs et anxiogènes.
Mais alors faut-il en avoir plusieurs?
La perte de cet objet si particulier pour l’enfant le place ainsi que ses parents, dans une situation de vulnérabilité. À la seule idée des nuits blanches ou des pleurs inconsolables lors de leur départ pour la crèche ou chez la nourrice, petits et grands s’angoissent à l’idée de l’avoir perdu! Les parents déploient alors des stratégies improbables pour le retrouver et ainsi s’apaiser eux aussi grâce à lui.
Alors faudrait-il l’avoir en double pour parer à toute perte? Ou le subtiliser discrètement pour le laver?!
Vous pouvez vous autorisez à en proposer deux (qui peuvent être différents) qui seraient utilisés fréquemment par l’enfant, dans le cas où l’un serait égaré.
Mais on peut aussi imaginer accompagner votre enfant dans cette « perte », puisqu’il s’agit là d’un sentiment qu’il aura à affronter et qu’il faudra accompagner tout au long de son existence.
En effet, il ne faut pas confondre consolation et évitement de la frustration!
En revanche, il est déconseillé de le laver en catimini! Il est vrai que tout l’ntérêt du doudou est de pouvoir véhiculer l’odeur du soi, de « papa-maman-bébé », cette odeur que le bébé emmène à l’extérieur. C’est un petit bout de son intimité, un petit bout de lui et de ses parents qu’il emmène avec lui pour pouvoir supporter les espaces extérieurs de la maison. Alors dans le cas où le nettoyage s’avérerait nécessaire, faites en un rituel avec votre enfant en lui proposant de vous accompagner pour le mettre dans la machine et ensuite le faire sécher car lui aussi à besoin parfois de prendre son bain!
On peut penser que le doudou doit rester unique et le seul à suivre l’enfant, plutôt qu’il y en ait un à la maison et un en crèche. Cela a du sens si celui-ci fait les allers retours entre la crèche et la maison et c’est cela qui fera lien entre ces deux lieux.
Enfin, comme cet objet n’a pas pour l’enfant la fonction d’un jouet, c’est là que vous parents devez être bien attentifs! Ce n’est pas un objet dont on doit priver l’enfant pour le sanctionner de par son importance affective fondamentale.
De même, changer le doudou de l’enfant ne présenterait pas de sens, sauf si c’est lui qui le souhaite!
Doudou es-tu là ? Quelles nécessités pour l’enfant dans son développement ?
On peut commencer par dire que c’est l’enfant qui choisit son doudou!
Ce qui rend cet objet spécifique c’est qu’il a été créé par l’enfant. En effet il a été trouvé par l’enfant à la suite de la proposition des adultes, puis crée par lui-même dans sa qualité d’objet transitionnel.
Si le doudou n’empêche pas l’enfant de ressentir des émotions négatives lors de moments compliqués, il va atténuer leur impact.
Le doudou est un objet transitionnel mais il existe aussi des phénomènes transitionnels qui ne sont pas des objets, mais que l’enfant utilise de la même manière, comme des gestes auto-calmants, sorte de doudou qui remplit une fonction transitionnelle
L’enfant pourra projeter sur lui son agressivité et sera support de tous ses mouvements pulsionnels internes. Il sera ainsi parfois déchiré, jeté, ou tapé.
Pouce, doudou ou tétine?
Ils ont chacun leur usage. Le pouce accompagne l’enfant dans son sommeil ou dans ses pleurs, il lui permet de se recentrer sur lui-même. Le doudou lui insuffle de la tendresse maternelle et l’aide à se séparer pour aller vers l’autonomisation. La tétine lui donne le plaisir de sucer et cette succion l’apaise.
Il est des enfants qui se suffisent de leur pouce, ou d’une boucle de cheveux à caresser, d’un balancement ou d’une comptine.
L’objet lui-même ne fait rien, c’est l’enfant qui lui donne ses pouvoirs car il le nourrit de ses rêves et de ses propres consolations.
Le doudou aide donc à apaiser l’enfant confronté à une situation génératrice d’angoisse. Mais il s’agit aussi de comprendre la nature du malaise de l’enfant, les raisons de ses pleurs et de tenter de le rassurer afin de l’accompagner à comprendre ses différentes émotions. De plus, il ne pourra remplacer le réconfort que vous pourrez lui apporter!
Les doudous de chacun sont peu soumis à disputes ou utilisés par d’autres enfants car chacun représente quelque chose de spécifique pour l’enfant auquel il appartient. Il ne porte pas le même sens symbolique pour un autre enfant.
Quand lui donner accès?
Dans de nombreuses crèches ou chez l’assistante maternelle, le doudou est souvent donné de manière systématique et parfois d’ailleurs il reste non accessible en fonction des moments de la journée. Pourtant il est important de pouvoir distinguer les moments où l’enfant en a vraiment besoin et lui proposer parfois de le déposer à un endroit toujours identique où il pourra le récupérer quand il en aura besoin.
Cela ne doit pas être source de négociation entre l’enfant et l’adulte car il serait détourné de sa fonction et ne peut être soumis au chantage. Néanmoins, l’adulte peut lui proposer de le déposer afin de s’en séparer quelques temps au cours de la journée. L’enfant, entouré de la confiance des adultes, parvient à s’en séparer de manière à faire des expériences sans son doudou et de trouver d’autres solutions d’apaisement.
Mon enfant n’a pas de doudou, que dois-je faire?!
Rien! Si votre enfant n’en a pas et bien ça peut aussi vouloir dire qu’il n’en a pas eu besoin et qu’il a trouvé des ressources directement en lui!
La question de son universalité fait débat et suscite toujours des controverses quant à son caractère nécessaire.
Serait-ce donc une étape classique du développement de l’enfant ou serait-il le fruit d’une nécessité imposée par notre société ?
En effet, avec un allaitement prolongé on retrouverait moins la présence d’un objet transitionnel investi. Ceci nous montre la différence d’utilisation de l’objet transitionnel qui ne veut rien dire du développement psycho-affectif de votre enfant. C’est ainsi qu’autre chose peut avoir la fonction d’un doudou.
En effet, le cosleeping ou la garde par les parents plutôt qu’en collectivité ou par une nourrice, ne favoriseraient pas l’utilisation d’un doudou en raison du contact prolongé entre l’enfant et sa mère. C’est parfois la famille et l’entourage entier qui fait espace transitionnel.
Les différences d’investissement de cet objet en fonction des cultures est ainsi très perceptible. Il semble souvent réservé à nos sociétés occidentales où mère et bébé sont séparés assez précocement par la reprise de l’exercice professionnel.
Ainsi le doudou est considéré par certains comme une nécessité psychologique, et par d’autres comme une réponse culturelle de l’environnement.
Et comment s’en détacher?
Lui enlever du jour au lendemain en considérant qu’il est assez grand, serait d’une grande violence pour l’enfant.
Petit à petit l’enfant apprendra à se séparer de son doudou et à faire ses expériences sans lui. C’est lui qui se sentira prêt à le faire et y arrivera. Il n’aura plus besoin de s’appuyer sur lui pour supporter les expériences difficiles. Il pourra s’en détacher quand il aura suffisamment intériorisé le sentiment de sécurité que lui procurait le doudou.
Le plus souvent, les enfants commencent à délaisser leur doudou vers l’âge de 2/3ans. Passé cet âge, il n’accompagne que rarement l’enfant dans son quotidien. Ce besoin va s’estomper jusqu’aux 6 ans de l’enfant mais certains le garde bien plus longtemps. Si votre enfant a du mal à s’en séparer, n’hésitez pas à ne lui proposer que pendant la sieste.
L’enfant le désinvestira au fil de son développement pour ensuite rester à l’état de souvenir pour investir d’autres sphères.
Merci Capucine de nous avoir éclairés sur cet objet si symbolique ♡.
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